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L'application de la pédagogie explicite à l'apprentissage de la lecture

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L’application de la pédagogie explicite à l’apprentissage de la lecture,

Bernard Wemague, Universitaire-Chercheur (Linguistique & Méthodologie), Bordeaux.

L’intention ici est de montrer la pertinence remarquable de la pédagogie explicite dans le domaine de l’apprentissage de la lecture. A ce sujet, le titre du texte que voici aurait bien pu être le suivant : La règle d’or de la pédagogie explicite appliquée à l’apprentissage de la lecture.

La mission élémentaire et essentielle de toute la pédagogie est la compréhension, processus qui relève du mécanisme de l’apprentissage appliqué à la formation éducative, c’est-à-dire à la cognition. Plus qu’un facteur de facilitation, l’explicite est une condition indispensable de compréhension.

 

 

Par voie de conséquence, il convient de concevoir les contenus d’enseignement au regard du fonctionnement cognitif. En ce qui concerne la lecture en apprentissage qui est centrale dans le propos, il faut remonter au fonctionnement du cerveau pour l’apprentissage de la lecture. Sur ce point, les deux poumons de la pédagogie explicite sont l’objet de la connaissance et la transmission de ce dernier aux élèves. Toutefois, si l’objet de la connaissance est, la plupart du temps, établi et constitué par les contenus matériels des manuels scolaires, en revanche, la transmission demeure une affaire de conception, de présentation et surtout de formulation et, finalement, de compétence de l’enseignant et c’est à ce niveau qu’intervient la règle d’or qui peut s’énoncer en termes explicites et cognitifs : dans une approche extrêmement cohérente et rigoureusement structurée et progressive, concevoir et présenter l’objet de la connaissance sous la forme de règles claires et nettes, simples et générales. Nous allons l’illustrer par la construction des règles de prononciation des consonnes finales des mots dans l’optique d’une pratique de classe. Précisons auparavant le paragraphe qui suit.

Inscrite dans le cadre de l’installation de la combinatoire, la présente étude, qui n’a pas de prétentions à l’exhaustivité, se limitera aux syllabes finales des mots, sachant que ceux-ci comportent des syllabes initiales, médianes et finales à 1, 2 et 3 consonnes finales, avec une mention spéciale à 1 consonne finale m ou n précédée de voyelles. C’est des aspects essentiels sur lesquels les méthodes de lecture ont fait l’impasse jusqu’à ce jour sinon qu’elles ont traités très sommairement et que la pédagogie explicite permet d’investir de façon optimale et avec d’excellents résultats.

Les 4 cas de figure seront passés en revue et donneront lieu à l’énonciation des règles explicites, simples et générales, les connaissances prérequises étant censées mises en place. A cet égard, l’exposé de ces contenus pédagogiques suppose de la part des élèves la connaissance préalable en particulier de ce que sont une lettre, une consonne, une voyelle, une syllabe, une syllabe finale (opposée à une syllabe initiale et à une syllabe médiane) d’un mot, une syllabe fermée par opposition à une syllabe ouverte.

Les occurrences des consonnes sont beaucoup plus nombreuses en initiale qu’en médiane et en finale de syllabe ou de mot. Pour cette raison, l’accent sera placé sur l’aspect de non-prononciation par rapport à la prononciation. En effet, autant les consonnes se prononcent systématiquement en position initiale, la consonne h mise à part, autant elles se prononcent beaucoup moins en position finale de syllabe ou de mot.

 

Remarques préliminaires

 

Les présentes observations concernent la manière opérationnelle de concevoir, suivant le fonctionnement cérébral et cognitif, la notion de « consonne finale » par rapport à celle de « syllabe » à des fins de pédagogie explicite et efficace. Elles peuvent être ainsi résumées :

1) Le schéma général de base de la « syllabe » est CV, c’est-à-dire consonne suivie de voyelle.

Exemple : ‘ma’ de ‘maman’ (qui se décompose syllabiquement ‘ma man’ en lien avec le mode de fonctionnement cérébral pour l’apprentissage de la lecture, ou en constantes distributives qui sont une séquence de configurations graphiques correspondant à des unités phonétiques de la parole).

2) Toute consonne subséquente de V est une « consonne finale ».

Exemple : ‘n’ de ‘man’ dans ‘maman’.

Sur la base de ces données, une consonne finale (ou des consonnes finales) est celle (ou celles) qui suit (ou suivent) la dernière voyelle d’une syllabe.

Exemples : dix, doux, ciseaux, vent, corps.

Dans ces exemples, ‘x’, ‘n’, ‘t’, ‘r’, ‘p’ et ‘s’ sont des consonnes finales. Les syllabes ‘dix’, ‘doux’ et ‘seaux’ sont des syllabes à 1 consonne finale ‘x’ ; la syllabe ‘vent’ est une syllabe à 2 consonnes finales ‘n’ et ‘t’ ; la syllabe ‘corps’ est une syllabe à 3 consonnes finales ‘r’, ‘p’ et ‘s’.

On va étudier les syllabes finales à 1 consonne finale, les syllabes finales à 2 consonnes finales, les syllabes finales à 3 consonnes finales et, pour terminer, les syllabes à 1 consonne finale constituée par les consonnes nasales m et n.

 

I. Les syllabes finales à 1 consonne finale

Deux cas sont à distinguer : les consonnes finales qui ne se prononcent pas et les consonnes finales qui se prononcent généralement.

 

A) Les consonnes finales qui ne se prononcent pas en général

Les consonnes d, s, t, x, z ne se prononcent pas d’ordinaire en position finale des syllabes finales. Prenons-les les unes après les autres en étant délibérément répétitifs.

 

1) La consonne finale est d.

La consonne finale d ne se prononce pas généralement en position finale de la syllabe finale d’un mot.

Exemples : nid, laid, crapaud, chaud, pied, froid.

Exceptions : sud, raid, caïd, David.

 

2) La consonne finale est s.

La consonne finale s ne se prononce pas généralement en position finale de la syllabe finale d’un mot.

Exemples : matelas, bras, repas, progrès, brebis, souris, dos, repos, bois, dessous, rebus, talus.

Exceptions : autobus, terminus, consensus, tournevis, couscous, maïs.

 

3) La consonne finale est t.

La consonne finale t ne se prononce pas généralement en position finale de la syllabe finale d’un mot.

Exemples : climat, petit, matelot, pot, gobelet, statut, haut, debout, goût, août, adroit, toit.

Exceptions : kit, huit, spot, but, scout.

 

4) La consonne finale est x.

La consonne finale x ne se prononce pas généralement en position finale de la syllabe finale d’un mot.

Exemples : faux, deux, nombreux, silencieux, mousseux, onctueux, yeux, doux, roux, toux, choix, voix.

Exceptions : relax, index, silex, six, dix, flux.

 

5) La consonne finale est z.

La consonne finale z s’appuie généralement sur la voyelle e qui la précède et les deux lettres se prononcent ensemble en 1 son.

Exemples : nez, vous écrivez.

Exceptions : gaz.

 

B) Les consonnes finales qui se prononcent en général

Les consonnes b, c, f, g, l, p, q, r se prononcent habituellement en position finale de la syllabe finale d’un mot. Considérons-les successivement.

 

1) La consonne finale est b.

La consonne finale b se prononce en position finale de la syllabe finale d’un mot.

Exemples : baobab, toubib, pub, club.

 

2) La consonne finale est c.

La consonne finale c se prononce en position finale de la syllabe finale d’un mot.

Exemples : sac, trac, bec, sec, pic, clic, croc, troc, aqueduc, truc.

 

3) La consonne finale est f.

La consonne finale f se prononce en position finale de la syllabe finale d’un mot.

Exemples : chef, nef, relief, récif, éducatif, imaginatif, effectif.

 

4) La consonne finale est g.

La consonne finale g se prononce généralement en position finale de la syllabe finale d’un mot.

Exemples : gag, zigzag, blog.

Exceptions : joug.

 

5) La consonne finale est l.

La consonne finale l se prononce généralement en position finale de la syllabe finale d’un mot.

Exemples : animal, carnaval, archipel, sourcil, rossignol, calcul, travail, conseil, écureuil, fenouil.

Exceptions : outil.

 

6) La consonne finale est p.

La consonne finale p se prononce généralement en position finale de la syllabe finale d’un mot.

Exemples : cap, cep, bip, clip, stop, scoop.

Exceptions : drap, trop, beaucoup, loup.

 

7) La consonne finale est q.

La consonne finale q se prononce en position finale de la syllabe finale d’un mot.

Exemples : coq.

 

8) La consonne finale est r.

La consonne finale r se prononce généralement en position finale de la syllabe finale d’un mot.

Exemples : autocar, radar, fer, mer, soupir, finir, condor, ténor, dur, mur, sur.

Exceptions : potager, déjeuner, parler, raconter.

 

 

II. Les syllabes finales à 2 consonnes finales

Les cas retenus sont ceux qui suivent.

 

1) La 1e des 2 consonnes finales est c.

La 2e consonne finale est t.

La 1e consonne finale c et la 2e consonne finale t se prononcent généralement en 2 sons.

Exemples : compact, exact, impact, contact, tact, correct, direct, abject, infect.

Exceptions : aspect, respect. (e et les 2 consonnes finales c et t se prononcent en 1 son unique).

 

2) La 1e des 2 consonnes finales est c.

La 2e consonne finale est k.

La 1e consonne finale c et la 2e consonne finale k se prononcent en 1 son unique.

Exemples : stock, Yannick.

 

3) La 1e des 2 consonnes finales est l.

La 2e consonne finale est s.

La 1e consonne finale l ne se prononce pas et la 2e consonne finale s se prononce.

Exemples : fils.

 

4) La 1e des 2 consonnes finales est p.

La 2e consonne finale est s ou t.

La 1e consonne finale p et la 2e consonne finale s ou t se prononcent généralement en 2 sons.

Exemples : laps, biceps, rapt, concept.

Exceptions : sept (p ne se prononce pas et t se prononce).

 

5) La 1e des 2 consonnes finales est r.

La 2e consonne finale est c, d, f, g, s ou t.

La 1e consonne finale r se prononce et la 2e consonne finale c, d, f, g, s ou t  ne se prononce pas généralement.

Exemples : porc, canard, nord, cerf, nerf, faubourg, départ, aéroport, vers, vert, dehors, discours.

Exceptions : mars, ours, parc, yaourt (les 2 consonnes finales se prononcent en 2 sons distincts).

 

6) La 1e des 2 consonnes finales est s.

La 2e consonne finale est c ou t.

La 1e consonne finale s et la 2e consonne finale c ou t se prononcent en 2 sons.

Exemples : fisc, ouest, est, test, toast, trust.

 

7) La 1e des 2 consonnes finales est t.

La 2e consonne finale est h.

La 1e consonne finale t se prononce et la 2e consonne finale h ne se prononce pas.

Exemples : zénith, Judith, mammouth.

 

8) Les 1es consonnes finales sont d, l, t et la 2e consonne finale est s ; la 1e consonne finale est g et la 2e consonne finale est t.

Les 1es consonnes finales d, g, l, t et la 2e consonne finale s ne se prononcent pas ; la 1e consonne finale g et la 2e consonne finale t ne se prononcent pas.

Exemples : poids, legs, pouls, puits, doigt (le groupe de lettres ‘egs’ de ‘legs’ se prononce en 1 son unique noté è).

 

9) La 1e consonne finale est m ou n.

La 2e consonne finale est c, d, g, p, s ou t.

La 2e consonne finale c, d, g, p, s ou t ne se prononce pas généralement.

La 1e consonne finale m ou n se prononce, sous la forme d’une voyelle nasale, en appui sur la voyelle qui la précède.

Exemples : camp, champ, banc, rang, sang, jonc, second, rond, coing, long, dedans, encens, enfant, parent, point.

Exceptions : sens, cinq, zinc, gong (la consonne finale s de sens se prononce [s] ; la consonne finale q de cinq se prononce en 1 son [k] ; les consonnes finales c et g de zinc et de gong se prononcent en 1 son [g]).

 

 

III. Les syllabes finales à 3 consonnes finales

Trois cas seulement seront envisagés.

 

1) La 1e des 3 consonnes finales est r.

Les 2 autres consonnes finales sont p et s.

La 1e consonne finale r se prononce et les 2 autres consonnes finales p et s ne se prononcent pas.

Exemples : corps (les 2 dernières consonnes finales ne se prononcent pas).

 

2) La 1e des 3 consonnes finales est m.

Les 2 autres consonnes finales sont p et s,  p et t.

Les 2 autres consonnes finales p et s d’une part,  p et t d’autre part, ne sont pas prononcées.

La 1e consonne finale m se prononce, sous la forme d’une voyelle nasale, en appui sur la voyelle qui la précède.

Exemples : temps, exempt, prompt (les 2 dernières consonnes finales ne se prononcent pas).

 

3) La 1e des 3 consonnes finales est n.

Les 2 autres consonnes finales sont c et t.

Les 2 autres consonnes finales c et t ne sont pas prononcées.

La 1e consonne finale n se prononce, sous la forme d’une voyelle nasale, en appui sur la voyelle précédente.

Exemples : distinct, instinct, succinct.

 

Note : En français, la prononciation du segment ‘ct’ dans ‘distinct’ est facultative. En vertu du principe de simplification, la prononciation ‘tin’ plutôt que ‘tinct’ est recommandée. D’ailleurs, dans ‘instinct’ et ‘succinct’, le choix de la prononciation ‘tin’ est non pas libre, mais obligatoire. C’est la raison pour laquelle nous avons soumis la syllabe ‘tinct’ des trois mots au même traitement phonétique.

Hormis ce qui, en termes phonétiques, relève des erreurs de transcription entre les mots tels que ‘direct’ et ‘aspect’ qui ne sont donc pas concernés, en règle, quand deux graphies ou deux prononciations sont en compétition, l’option est en faveur de la plus simple, telle que clé pour clef, août [u] pour août [ut].

 

IV. Les syllabes finales à 1 consonne finale m ou n

La consonne finale m ou n d’une syllabe finale se prononce généralement, sous la forme d’une voyelle nasale, en appui sur la voyelle précédente.

Exemples : tympan, examen, daim, faim, pain, chemin, sapin, serein, nom, prénom, thym, non, ânon, compagnon, saumon, brun.

Exceptions : macadam, tram, idem, modem, item, abdomen, spécimen, zen, slalom, album, maximum, sternum.

 

 

Conclusion.

Le but visé dans le cadre d’un projet de transmission, par la compréhension, des connaissances et des habiletés est d’identifier, d’organiser et de présenter avec cohérence, progressivité et rigueur les objets du savoir et du savoir-faire en ayant pour règle d’or une formulation explicite, simple et générale des contenus pédagogiques.

Ce qu’il est convenu d’appeler « l’effet-maître » a partie liée avec la capacité à trouver la bonne formulation dans l’activité de transmission des connaissances, celle qui permet aux élèves, d’un point de vue cognitif, de s’approprier l’objet du savoir à un moindre coût attentionnel. Cette formulation dépend du niveau d’investissement réflexif de l’enseignant et, pour tout dire, de ses compétences de « chercheur » en moyens de transmission des savoirs et des habiletés si tant est que enseignement et recherche sont imbriqués.

L’enseignant efficace est celui qui réussit à trouver les meilleurs moyens de faire comprendre les contenus de l’objet de la connaissance. Cette découverte est le fruit de la réflexion ou de la recherche personnelle de l’enseignant, d’où l’importance de sa formation.

Enfin, c’est en maîtrisant des phénomènes linguistiques complexes de l’ordre de ceux qui viennent d’être traités que les élèves peuvent se dégager du code et se concentrer sur le sens de l’écrit. Les méthodes de lecture en vigueur ignorent ces phénomènes et les élèves peuvent alors très difficilement maîtriser la lecture et l’orthographe aussi opaque que celle de la langue française. Au reste, elles ne sont pas adaptées au traitement de ces phénomènes en comparaison avec la présente étude. Il ressort de l’exposé, en termes de fonctionnement cérébral et cognitif, que les contenus pédagogiques des méthodes de lecture, toutes tendances confondues, s’éloignent de la réalité, d’où leurs résultats mitigés et les débats récurrents auxquels ils donnent lieu.

 

Bernard Wemague

 

 

 

 

 

Mise à jour le Mardi, 09 Août 2011 15:10  

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