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Jacques Attali : « Sauver l’école primaire est le principal moteur de la croissance. »

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Le Monde Education, Mercredi 10 novembre 2010.
Entretien de Jacques Attali avec Maryline Baumard. Résumé.
Le 15 octobre dernier, un rapport de la Commission pour la libération de la croissance française, présidée par Jacques Attali, a été remis au président de la République.
Fort du constat fait par de nombreuses études montrant une étroite corrélation entre le niveau des connaissances d’une société et sa croissance économique, ce rapport insiste sur l’urgence de la mise en place de réformes scolaires.
Pour améliorer le capital culturel de notre société, il est, en effet, nécessaire que les élèves, au terme de leur scolarité en primaire, maîtrisent les fondamentaux en français comme en mathématiques, ce qui n’est actuellement pas le cas. Ainsi, sur l’ensemble des élèves entrant en 6è, 15% ont des difficultés lourdes et 50 % ne sont pas suffisamment autonomes « pour bien s’en sortir » (1). A cette nécessité s’ajoute celle d’une orientation solide pour chaque élève, ce qui, au final, permettrait à tous de faire fructifier leurs compétences respectives.
Une société de la connaissance implique encore un système universitaire en lien direct avec les entreprises – d’où la proposition de développer les stages professionnels, des universités également soucieuses de proposer « une formation tout au long de la vie » et pointues dans le domaine de la recherche. Une société de la connaissance, c’est aussi une société au fait des technologies de l’information et de la communication – la France, classée, par la Commission européenne, 24e sur 27 dans l’utilisation des technologies numériques à l’école, a donc un retard conséquent à rattraper.
Dès lors, dans « l’enseignement préscolaire », l’accent est mis sur la volonté de proposer une formation qualifiante aux personnes s’occupant des très jeunes enfants – seules 40% de ces personnes ont, actuellement, une formation satisfaisante. Une offre plus large de scolarisation des enfants de deux ans est souhaitée et la mutualisation des expériences probantes est envisagée.
Pour l’enseignement primaire, qui, dans le rapport présidé par Jacques Attali, doit être réformé profondément et au plus vite, il est prescrit « un projet éducatif radicalement différent » avec un directeur d’établissement considéré comme un « vrai patron », capable de choisir lui-même son équipe d’enseignants et ayant le pouvoir, s’il constate « qu’un enseignant à des soucis » (2), de l’envoyer en formation.
Aux enseignants, il est proposé un temps de présence dans leur établissement plus long, une meilleure rémunération et une aide à la reconversion. Reconversion, car il est nécessaire d’adapter l’offre aux besoins et de faire du « sur mesure » en fonction des écoles. Ce sur mesure est motivé par le constat de la diversité des environnements culturels des élèves (les besoins des élèves de Seine Saint-Denis, pour exemple, diffèrent de ceux de Neuilly) ; il convient donc, entre autres, d’adapter les temps de présence scolaire (3).
En définitive, ce rapport remis au président de la République demande une « révolution copernicienne » des idées sur l’enseignement. Il met en avant « l’épanouissement » des élèves – l’école est le lieu de révélations des talents de chacun, la nécessité, pour les parents comme pour les enseignants, d’accepter que « les élèves imaginent eux-mêmes leur modèle de réussite » et encourage la créativité et le travail d’équipe.
Par ce rapport, la Commission pour la libération de la croissance française entend peser sur les prochaines élections présidentielles : les programmes éducatifs des différents partis politiques seront jugés à l’aune de ces propositions.
(1) Ce que recouvre l’expression« bien s’en sortir » pour un élève n’est pas mentionné.
(2) Il n’est pas précisé quelle pourrait être la nature de ces soucis.
(3) Il n’est pas dit si les temps de présence pour, par exemple, les élèves de Seine Saint-Denis, seraient accrus, diminués ou agencés différemment.
Mise à jour le Lundi, 13 Mai 2013 20:54  

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